La photographie culinaire doit faire rêver et donner envie. Florent Tanet a fait le choix de nous donner à consommer autrement cette photo si particulière. En quelques mises en scène réjouissantes, il préfère explorer une certaine face cachée de la cuisine. Attention, voici le légume comme vous ne l’avez jamais vu.
En janvier 2013, la Grande Épicerie – espace parisien luxueux dédié aux bons produits – nous avait fait découvrir le travail du photographe français Florent Tanet. Cette exposition avait révélé un regard joueur, drôle mais qui laisse percer un certain sentiment d’inquiétude derrière des images acidulées et en apparence innocentes.
Ce photographe ne s’intéresse qu’aux ingrédients, surtout aux légumes. Pas d’ustensiles, pas de stylisme superflu, pas de mangeurs. Ici, le spectateur est mis en face du produit brut. Là où certains ré-explorent l’histoire de la nature morte, jouant sur les éclairages et la composition, Florent Tanet semble prendre un malin plaisir à torturer les végétaux. Bananes, pommes et navets écorchés vifs, citrons, avocats, agrumes découpés, décapités, endives démembrées, raisins empalés, tous ressemblent à des jouets malheureux passés entre les mains d’un enfant sadique. Il va même jusqu’à dépecer des endives, choux de Bruxelles et épinards pour épingler leurs feuilles sur une planche comme le ferait un entomologiste après une chasse aux papillons. L’enfant se transforme même en docteur Frankenstein quand les carottes sont agrandies grâce à des morceaux de poireaux, de poivrons, ajouts monstrueux qui transforment l’innocent légume en créature inquiétante. L’expérience connait des ratés quand un chou rouge est accouplé de force à un chou vert. Manifestement ils ne sont pas fait pour vivre ensemble. Mais les monstres bizarres peuvent devenir drôles. Des poires, des oignons ou des pommes semblent cousues entre elles pour former un coléoptères inconnu rebondi et ridicule.
Le travail et les propositions visuelles de ce photographes sont réjouissantes tant elles surprennent et prennent à rebours l’imagerie culinaire classique et un peu béate. Le légume y est mort, et bien mort. Mais vive le légume car il y a du plaisir à contempler ces photos.
Stéphane Dubreil
pour en savoir plus sur ce photographe : http://cargocollective.com/ftanet